Vocation missionnaire aujourd'hui
N°12 - Septembre 1962
Par un tragique malentendu, au moment même où les appels des jeunes églises se font les plus pressants, au moment où les laïcs chrétiens sont vivement encouragés à mettre leur compétence technique et leur dynamisme apostolique au service des peuples en voie de développement, au moment enfin où l'on entend partout proclamer qu'il n'y aura plus de vocations que missionnaires, la vocation missionnaire, au sens le plus strict et traditionnel, apparaît au regard de beaucoup, dépréciée, dévaluée et presque dépassée. Le missionnaire accepte que cette méconnaissance soit ajoutée à son épreuve mais, en décourageant les vocations de jeunes, pareille mentalité ne peut manquer de faire tort à l'expansion de l’Évangile.
Qu'on ne se fasse pas d'illusion : on n'a aucune chance de multiplier les vocations sacerdotales en aucun pays en freinant, dépréciant ou décourageant de diverses manières les vocations aux missions lointaines. Au contraire, une réponse généreuse au testament du Sauveur ne saurait manquer de stimuler la vitalité d'une chrétienté. Comme le disait joliment Pauline Jaricot, « la lampe remplie d'huile qui attend la lumière... répandra de sa surabondance dans la lampe épuisée et ravivera la lumière vacillante de laquelle elle aura reçu la sienne » !
Manque d'audace, manque de foi, manque du sens des proportions et des urgences, méconnaissance des possibilités inouïes ouvertes à l’Église en ces terres lointaines qui ne sont pas encore gavées d'évangile et de surnaturel, voilà ce qui amène bien des chrétiens adultes, parents et même pasteurs, à se mettre trop souvent en travers des générosités des jeunes, craignant de les provoquer, s'ingéniant à les refroidir, se faisant un devoir d'en limiter les « débordements ».
Aujourd'hui comme hier, être missionnaire c'est partir, s'en aller loin de sa famille et de sa terre natale, traverser les mers, annuler pour son compte les frontières et les barrières qui cloisonnent l'humanité, faire avec joie d'un autre peuple son peuple, d'une autre patrie sa patrie. Être missionnaire ce n'est pas que cela mais c'est aussi cela : une exaltante aventure humaine d'exode et d'incarnation, vécue avec un cœur de frère universel. Ce serait angélisme et manque de réalisme que de vouloir des vocations si pures qu'en elles ces sentiments n'aient jamais eu de place. Dieu qui sait éduquer, sait découvrir à partir de là, à ses pionniers, avec l'austérité d'autres exigences, la splendeur de plus hauts horizons de grâce, de foi, de charité.
Si nous étudions la vocation missionnaire surtout dans une perspective occidentale c'est simplement par fidélité aux données de l'histoire non moins que par conscience des responsabilités plus lourdes que portent nos pays de vieille chrétienté. Mais il va de soi que noirs et jaunes peuvent revendiquer tout comme les blancs l'honneur de devenir les ambassadeurs du Christ. Missionnaires africains, missionnaires asiatiques, apôtres de l'avenir, nous vous tendons la main.
Spiritanus
Sommaire
MAURICE QUEGUINER : Actualité de la vocation aux missions étrangères
JOSEPH PERRIER : L'aventure missionnaire à la fin du XXe siècle
JEAN-MARIE GODEFROID : Spiritualité d'un missionnaire moderne
LUCIEN DEISS : Le discours apostolique en Matthieu, X
Mgr JEAN GAY : Désir du martyre et vocation missionnaire
LIVRES ET CHRONIQUES
par A. BOUCHARD, J. BOUCHARD, CH. COUTURIER, W. GARDINI, M. LEGRAIN, A. MIRANDA SANTOS, E. DE MIRIBEL.
Les jeunes et la vocation missionnaire au Canada
Le Congrès missionnaire de Lyon
On nous parle de la vocation missionnaire
Les écrits spirituels du père Peyriguère
La rencontre des cultures
A l'écoute des besoins de son temps, Claude Poullart des Places
Sélection des revues missionnaires
PRINCIPAUX AUTEURS RECENSÉS
DESTOMBES (322) - FARE (319) - FESQUET (302) - MANNA (318) MICHEL (330) - MONDREGANES (318) - OGGE (329) - PEYRIGUÈRE (325) - RAGUIN (322) - WALSH (318)