Ceux qui sont impliqués dans la mission ont toujours eu le souci d’en définir le but. Il fut un temps où la réponse venait toute simple. On partait au loin pour « implanter l’Eglise » en terre « païenne » et on se fixait des objectifs et des moyens en conséquence. Aujourd’hui, on affirme que la mission a quelque chose à voir avec l’avènement du Royaume de Dieu. Pourquoi ce changement d’accent ? S’agit-il simplement d’une mode passagère ? Le modèle ancien aurait-il perdu toute valeur ? Quelles relations entretiennent entre eux l’Eglise et le Royaume ? Quelle est la place du Christ dans ce schéma ? Redemptoris Missio, en son chapitre 2, est une réponse à ces diverses questions.

Le dossier que nous présentons dans ce numéro de Spiritus n’a d’autre ambition que d’apporter une modeste contribution à ce débat toujours ouvert. Vous y trouverez quelques éléments de réponse : les étapes de cette évolution (M. Zago), le Royaume de Dieu est bien le but de la mission (M. Amaladoss), quelles sont les relations entre Eglise et Royaume (J. Fuellenbach).

Il fait aussi une large place à des témoignages. Ils ne s’agit plus de réponses théoriques, mais de réponses de vie. Ces témoignages prennent parfois la forme d’une question. Quand on est affronté dans son engagement missionnaire à des situations où la « mission » semble difficile, parfois impossible, où l’Eglise fait l’expérience de sa pauvreté et de ses limites, peut-on encore croire que le Règne de Dieu vient ? Ces témoignages nous aident aussi à comprendre comment les pauvres sont les premiers destinataires et partenaires du Royaume.

« Les multiples perspectives du Royaume n’affaiblissent pas les fondements et les finalités de l’activité missionnaire, elles les renforcent plutôt et les élargissent » (R.M. 20). A la suite de Paul VI (E.N. 34), Jean Paul II nous invite à croire en la « promesse d’un nouvel âge de la mission » qui réponde aux appels de notre temps. « Nous devons demander le royaume, l’accueillir, le faire grandi en nous ; mais nous devons aussi travailler pour qu’il soit accueilli par les hommes et grandisse parmi eux, jusqu’au jour où le Christ ‘remettra la royauté à Dieu le Père’ et où ‘Dieu sera tout en tous’ (1Co 15,24.28). » (R.M. 20)

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