Mondialistes autrement
N°166 - Mars 2002
Qu'est-ce qui peut être regardé tout à la fois comme une chance, une menace, une fatalité, un progrès, une injustice ? La mondialisation, bien sûr ! Aussi n’est-il pas étonnant que chacun des auteurs de ce numéro se soit appliqué à la décrire avant de l’étudier sous un aspect particulier : l’économie, l’histoire, l’habitabilité du monde, les incidences sur l’Afrique, sur la mission ou sur l’homme tout simplement. Et ceci pour tenter de dire comment être mondialiste autrement.
Comme le dit un des auteurs, si la mission au 19ème siècle s’est déroulée dans le contexte de la colonisation, il est maintenant évident que la mission du XXIème siècle aura pour cadre la mondialisation. Donc la question intéresse au plus haut point les missionnaires.
Tous les auteurs sont d’accord pour dire que la mondialisation est un fait, une réalité incontournable. Exit donc l’alternative qui serait de simple refus.
Mais les faits bruts : l’extension des moyens de communication, l’internationalisation des modes et des coutumes, la rencontre (le choc ?) des civilisations, la globalisation des capitaux, l’importance des marchés financiers, toutes ces données ne sont pas des forces aveugles et incontrôlables. Il appartient à l’homme de les conduire et de les maîtriser, de leur donner sens, bref de les humaniser.
Parmi les constatations positives développées dans les articles, nous aimerions en retenir trois. D’abord l’histoire nous apprend que le monde a déjà connu d’autres mondialisations, plus partielles sans doute, mais tout aussi meurtrières au premier abord. Et finalement le résultat a été plutôt positif pour la rencontre des cultures, l’extension des techniques, l’élargissement du champ de l’humanité. Ensuite, le système néolibéral qui préside actuellement à la mondialisation économique et broie littéralement la majorité des habitants du monde, porte en lui-même ses propres contradictions et pourrait bien être obligé d’évoluer vers un système plus solidaire. Enfin, il est clair que le développement des communications, le brassage des cultures, les échanges facilités représentent des chances immenses pour l’évangélisation.
Est-ce à dire que tout est gagné ? Non, tout est à faire. Serons-nous, et surtout les jeunes générations seront-elles assez ouvertes, assez créatives, assez attentives à l’Esprit « qui fait danser les mondes » pour donner à l’Évangile toutes ses chances ?
Notre seul désir est qu’une idée, une expérience, glanées ici ou là dans les articles puissent aider à entrer positivement dans le champ ouvert et à risquer une parole ou une action efficace et motivée.
Ce numéro est le premier à paraître dans la nouvelle présentation de la revue ; nous espérons que ce changement augmentera la facilité de lecture des articles et donnera à « Spiritus » un petit « coup de jeune » en ce début de millénaire.
Spiritus
Sommaire
Albert Samuel : La mondialisation qu’est-ce que c’est au juste ?
Kä Mana : L’Afrique chrétienne à l’heure de la mondialisation
Wim Dierckxsens : L’alternative post capitaliste
Paul Poucouta : Afrique, quelles alternatives à la mondialisation ?
Konrad Raiser : Œcuménisme, l’autre mondialisation
Gadou Dakouri : Les religions africaines face au défi de la mondialisation
Jean Pirotte : Annonce chrétienne et mondialisation
Albertine Tsibilondi : La mondialisation : chance ou catastrophe pour les femmes africaines ?
F.Frédéric Lot : La mondialisation menace pour l’homme ?
Albert Rouet : Mondialisation et respect de l’homme