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Quand l'autre blesse

N°170 - Mars 2003

Notre monde tranquille et connu explose quand quelqu’un « d’autre » y surgit. La présence de la différence provoque et questionne cette harmonie habituelle du monde de « l’un » qu’a été l’univers de toujours. La réaction de « l’unicité » est souvent l’affirmation violente de sa propre valeur, le rejet de la différence et de l’altérité.

Tout dernièrement nous avons encore été témoins de l’irruption, dans un monde supposé civilisé, de quelqu’un de différent qui a provoqué des réactions irrationnelles. La défense d’un modèle de consommation et du statu quo occidental se déguise en une « guerre contre le terrorisme ». Il en résulte qu’une des grandes civilisations du monde et d’autres cultures, à cause de leurs différences et surtout de la pauvreté matérielle de leurs membres, sont étiquetées comme « barbares » et « terroristes ». De cette manière, le scénario est préparé pour pouvoir causer des blessures et des morts sans avoir à en assumer la responsabilité.

Ce numéro de Spiritus se propose de regarder derrière les masques et les déguisements. Il est évident que la relation à l’autre – qui est l’horizon sur lequel se profilent les thèmes des derniers numéros – peut causer des blessures. Les femmes dans l’Église, particulièrement si elles sont théologiennes et professent des opinions divergentes, connaissent bien ce problème. Ce n’est pas un sujet récent, mais dans l’histoire de l’évangélisation, cette trame semble surgir comme une constante. Les conséquences de la négation de l’altérité, du droit à une identité différente, sont d’une large portée et ont des conséquences même 500 ans après.

Si l’Amérique latine occupe une place importante dans ce numéro, qui fut préparé par l’équipe de l’édition espagnole, l’Afrique et l’Asie peuvent sans doute se reconnaître dans les mêmes schémas et les mêmes problématiques.

Au temps de Jésus, beaucoup de personnes souffraient à cause de leurs différences : être femme, avoir certaines maladies, exercer certains métiers, appartenir à un peuple ou une culture autres. Jésus dénonçait ces différences, et celui qui protestait contre son exclusion pouvait accourir à lui pour être guéri. Ses miracles sont toujours liés à l’intégration dans une communauté.

Le Carême reprend un texte qui constitue une clé pour comprendre la personne et le mystère de Jésus Christ. Ce sont les chants du Serviteur de Yahveh : « par ses blessures nous sommes guéris » (Is 53,5). Le rejet de la différence et de l’altérité de Jésus Christ qu’est la Croix ne fut pas définitif : le salut est dans son altérité (la résurrection). De même l’Église ne serait-elle pas le blessé de la parabole et n’aurait-elle pas à recevoir le Seigneur qui la sauve sous les traits de l’étranger ? La lumière de Pâques pourrait nous laisser percevoir que nous aussi nous recevons en grande partie notre salut à travers les blessures de ceux qui sont différents de nous.

Spiritus

Quand l'autre blesse

Sommaire

Franz Helm : Conquête ou amitié ?
Ivonne Gebara : Blessures de femme
Porfirio Mendez : Le choc de deux mondes
Jean Yves Baziou : Quand le salut vient à l’Église par l’étranger
Marcia Moya et Helmut Renard : Il les guérissait tous
Alain Houziaux : Peut-on se remettre d’un malheur
Paulo Suess : Des pierres sur le chemin, perspectives de dialogue interreligieux, à partir de scénarios de conflits
Odile Van Deth : Par ses blessures, nous sommes guéris

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