Les raisons de la colère
N°178 - Mars 2005
L’ACTUALITE de ce numéro et celle des médias quotidiens nous obligent à faire face à la violence. Quelle est la Congrégation religieuse ou quel est l’Institut qui ne déplore pas des morts ou des disparus dans les troubles en Afrique, en Amérique latine ou ailleurs ? Récemment, la fin tragique d’une religieuse au Tchad nous a encore révoltés. Les guerres, les viols, les pillages, les assassinats, les prises d’otage, les enfants maltraités, constituent l’essentiel des informations qu’on nous livre quotidiennement. Aussi, chaque jour monte en nous une colère faite d’impuissance et de révolte. Et voilà plus de 2000 ans que les chrétiens prétendent annoncer une Bonne Nouvelle qui devrait subvertir toute forme de violence !
Nous entendons dans cette situation un appel à nous interroger plus profondément sur les raisons de cette violence et de notre colère. Deux articles du DOSSIER nous permettent de mieux voir que leur source se trouve d’abord en l’homme. Ils nous interdisent donc de trop vite en charger des boucs émissaires. La violence est en effet une réalité originaire et fondamentale, qui libère aussi des énergies pour fonder et refonder sans cesse la vie, comme le pratiquent les sociétés « traditionnelles » africaines dans le cadre de l’initiation, par exemple.
Parmi les déclencheurs de la violence, le dossier pointe d’abord l’injustice qui fait normalement naître un sentiment de révolte. Lorsqu’elle est en quelque sorte institutionnalisée, elle devient redoutable, appelle la contre-violence des victimes et enclenche le cycle infernal de la répression. La lutte sur tous les plans devra déloger les injustices du cœur de nos institutions sociales et religieuses.
Même la vie communautaire, propre à bien des religieux missionnaires, comporte aussi son lot de violence, tant il est difficile de vivre l’altérité au jour le jour. Et pourtant, n’est-ce pas là l’annonce du temps à venir ?
La Bible reconnaît la présence de la violence dans l’histoire humaine. L’étude du livre de Josué, écrit apparemment digne des Talibans, le confirme. Sa lecture plus approfondie nous fait découvrir une tension dialectique, qui traverse d’ailleurs toute la Bible, entre l’idée d’un Dieu conquérant aux déclarations guerrières et celle d’un Dieu crucifié aux discrètes actions de salut.
Trois CHRONIQUES terminent ce numéro. Spiritus s’associe à la commémoration de l’anniversaire de l’assassinat du Cardinal Biayenda au Congo. Ensuite, un auditeur assidu de la radio catholique d’Abidjan nous introduit au secret de la grande séduction qu’elle exerce sur son public. Enfin, deux participants à la dernière rencontre de l’Association Internationale des Missiologues Catholiques, dont Spiritus fait partie, nous livrent leur compte-rendu et leurs réflexions
Toute l’équipe de la rédaction vous souhaite à présent une lecture apaisée et apaisante.
Spiritus
Sommaire
ACTUALITÉ MISSIONNAIRE
Armanino Mauro : Quand la guerre vous surprend
Joseph Glinka : Bien faire et laisser dire
Henry Fouda : Afrique cherche révoltés
DOSSIER : LES RAISONS DE LA COLÈRE
Guy Theunis : Le missionnaire et les situations de violence
Henri Mialocq : La violence est-elle inévitable ?
John Prior : Le conquérant et le crucifié
Christophe Boyer : De sept luttes socio-économiques contre la violence
Luc Crépy : Les principales sources de violence dans les communautés religieuses
Pierzre Boutin : Refonder sans cesse la vie
Pierre Lefèbvre : Pour aller plus loin
CHRONIQUES
2ème Assemblée de l’IAMC à Cochabamba
Cal Emile Biayenda 1927 – 1977 Congo-Brazza
Les messages de la radio catholique d’Abidjan