Heureusement, il y a des passions qui soulèvent nos vies, les orientent et assurent poids et densité à nos actions. Les uns sont collectionneurs, d'autres aventuriers, d'autres encore artistes ou internautes ! Dans nos Instituts, le charisme peut se concevoir aussi comme une « solidification » historique, institutionnelle et spirituelle de la passion qui a animé les fondateurs et leurs compagnons.

Le dossier de ce numéro présente quelques « passions » qui animent les missionnaires et missiologues contemporains. Un missionnaire, médecin au Pakistan, évoque sa rencontre avec des sociétés du nord du pays et sa longue recherche d'enracinement. Il échappe ainsi à la tentation de ne faire que du « tourisme de l'altérité ». Un autre travaille à ouvrir des passages à travers les idoles qui enferment les êtres, les opposent, les cloisonnent et les détruisent en humanité, pour ouvrir des chemins de liberté. Les femmes sont particulièrement victimes de structures sociales et ecclésiales qui les empêchent d'être actrices à part entière dans l'Église. Une auteure appelle de ses voeux une Église ouverte à une culture partenariale sérieuse entre hommes et femmes. L'ouverture des systèmes clos, chez les peuples où retentit la Bonne Nouvelle et dans l'Eglise qui la proclame, fait également l'objet de l'engagement missionnaire. Car la visitation de Dieu aux hommes crée chez ceux-ci du vide, du jeu, redonnant ainsi à la vie la chance de se remettre en mouvement. Pour d'autres encore, l'option pour les pauvres exige un engagement vigoureux, partial et exclusif pour la justice qui appartient à la nature même de Dieu. Enfin, pour tenir compte de l'altérité et de la primauté de la relation, il faut que le missionnaire insère fortement sa parole et son témoignage dans une vision trinitaire de la mission.

Autant de « points chauds », de points d'incandescence qui brûlent les acteurs de la mission et orientent leurs pratiques et leurs engagements. Autant de lieux révélateurs d'aspects de la Bonne Nouvelle qui paraissent essentiels aux missionnaires d'aujourd'hui.

La présentation de trois Chapitres Généraux (Spiritains, OMI, et Pères Blancs), ayant tous eu lieu l'an passé, alimente les Chroniques. De manière tout à fait inattendue, ces trois événements soulignent la nécessité d'une redynamisation spirituelle des membres des Instituts pour servir la mission à venir. Un prêtre de la Mission de France réfléchit également de manière fort originale sur la « table eucharistique », à partir de son expérience de dix ans en Chine de célébrer la messe sans assistance de fidèles.

L'actualité est d'abord marquée par un anniversaire : le centenaire de la séparation de l'Eglise et de l'Etat en France et son impact sur les Missions d'alors. Un journaliste belge, au terme d'un argumentaire passionnant, nous achemine vers la conviction que le journalisme a besoin d'une réflexion renouvelée sur l'humanité des êtres. Enfin, un acteur du dialogue islamo-chrétien aux Philippines du sud nous partage les réalisations qui découlent de la collaboration concrète entre fidèles des deux religions.

Puissent tous ces échanges nous faire prendre davantage conscience des « options préférentielles » que chacun(e) d'entre nous a fait dans sa propre pratique ecclésiale et missionnaire, et nous rendre encore plus incandescent(e)s de la Bonne Nouvelle dans le monde d'aujourd'hui.

Spiritus