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Au service de tous

N°189 - Décembre 2007

En 2000, le prestigieux magazine britannique, The Economist, publiait malicieusement une notice nécrologique de Dieu. Le numéro du 3 novembre 2007 présente un rapport spécial de dix-huit pages sur Foi et politique qui montre que Dieu est plus vivant que jamais, tout en admettant que le « scoop » d’il y a sept ans fut en effet téméraire.

Faut-il s’en réjouir ? Peut-être. À dire vrai, Dieu n’a jamais trépassé, même s’il était devenu un peu moins visible sur la scène mondiale. On l’avait seulement oublié un peu, entre autres parce que les grands médias avaient choisi de l’ignorer. Jusqu’au moment où quelques fanatiques commencèrent à commettre des atrocités en son nom. Celle qui a eu le plus grand impact fut certainement l’attaque des tours jumelles de New York. Elle a conduit à deux guerres aussitôt considérées par les populations concernées comme des guerres de religion. Ces croisades sont dénoncées dans le monde musulman et l’islam est souvent présenté en Occident comme une religion qui encourage la violence. Même le pape s’est à un certain moment un peu trop rapproché de ce courant de pensée, fût-ce sans y véritablement adhérer. La réaction des musulmans fut virulente et le Vatican dut multiplier les « explications », excuses et gestes de bonne volonté pour les apaiser.

Des manifestations moins tragiques de la foi en Dieu apparaissent aussi sur la scène mondiale. Des groupes évangéliques, charismatiques et pentecôtistes répandent un peu partout et de façon agressive leur version de la foi chrétienne, quitte à se faire enlever en Afghanistan ou à mettre en danger la présence de tous les groupes chrétiens en Mongolie. On livre des batailles pour et contre le port du voile aussi bien dans les pays occidentaux que dans certains pays musulmans. Dieu ou du moins ceux qui prétendent agir en son nom sont de nouveau présents sur la scène internationale. Et cela inquiète beaucoup de gens, y compris un grand nombre de dirigeants religieux.

Au début, la plupart des chefs religieux ne savaient pas comment réagir et ils se bornaient le plus souvent à faire remarquer qu’il s‘agissait là de petites minorités nullement représentatives de leurs religions. Bien sûr, Benoît XVI et les responsables des principales Églises protestantes n’ont cessé de condamner la violence au nom de Dieu et d’appeler au dialogue. De leur côté, les dirigeants musulmans furent plus lents parce qu’ils ont besoin d’un large consensus pour pouvoir s’exprimer avec autorité. Trente-huit ont adressé une lettre au pape l’an dernier. Entre temps le consensus a grandi et le 13 octobre de cette année (fin du mois de ramadan et jour anniversaire de la première lettre), cent trente-huit « guides » musulmans ont adressé une lettre ouverte à leurs homologues chrétiens sur l’amour de Dieu et du prochain comme fondement des deux religions (cf. infra, p. ). Ils espèrent que leur lettre contribuera à un effort concerté de dialogue théologique institutionnel entre dirigeants chrétiens et musulmans et qu’un tel dialogue aura une influence bénéfique sur l’attitude des fidèles à la base. Ce serait là effectivement une bonne nouvelle, une raison de se réjouir !

Le présent numéro de Spiritus ne mentionne ces événements qu’en passant, mais il traite néanmoins d’un thème qui sera fondamental pour le dialogue susmentionné : la tension entre charisme et institution religieux dans le champ du service de l’humanité. Les auteurs viennent de divers contextes et la plupart sont des personnalités fortes, dotées d’un charisme particulier qu’elles désirent ardemment mettre au service de tous les hommes. Ces auteurs parlent du feu qui les dévore, mais aussi de l’institution qui les a ac-compagnés et aidés à grandir, à mûrir et à discerner la volonté de Dieu qui ne coïncidait pas toujours avec leur rêve initial. Des témoignages et des réflexions qui nous interpellent et contribuent à la paix entre tous les hommes. Bonne lecture !

Spiritus

Au service de tous

Sommaire

ACTUALITÉ MISSIONNAIRE

Paolo Dall’Oglio : La communauté abrahamique de Deir Moussa en Syrie
Jean-Paul Prat : Incarner la tendresse du Père. La Communauté des Apôtres de la Paix
Spiritus : « Venez et voyez… » L’USG et l’UISG solidaires du Sud-Soudan

DOSSIER : AU SERVICE DE TOUS

Nicole, Martin, Gillian et Jean-Marie : Accueillir ceux que le monde rejette. Le Centre de Réfugiés Notre-Dame de France
Jean-Pierre Cavalié : Le « sans-papiers », figure emblématique de la mondialisation
Ignace Ndongala Maduku : L’engagement des chrétiens dans la société congolaise (RDC). Évolution de la pensée et des pratiques à Kinshasa
André-Jean Tudesq et Eric Manhaeghe : Radio et entraide en Afrique subsaharienne
Bernadette Truchet : Le Cénacle : une congrégation pour « aider les âmes »

CHRONIQUES

Eric Manhaeghe : Une initiative inattendue
Eric Manhaeghe : Congrès Fidei donum
Pierre Lefebvre : Colloque international Omnes gentes
Pierre Lefebvre : Des femmes africaines en quête de parité avec les hommes

VARIA

Nestor Désiré Nongo Aziagbia : Le choix de la fraternité au risque des trahisons et de la mort

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