A la trace de Paul sur les chemins de notre siècle. Sur les chemins qui ont ouvert et préparé, tout au long du dix-neuvième siècle, les grandes routes mondiales du siècle présent. Comment ces pionniers ont médité saint Paul ; comment ils l'ont invoqué; comment ils l'ont suivi ; comment ils lui ont ressemblé.

Si les missionnaires modernes ne sont pas, au sens propre, les successeurs de l'Apôtre, ils sont, en tout cas, ses émules et c'est un fait que l'imitation de saint Paul tient une place essentielle dans la mystique des plus grands d'entre eux. Ces pages le font déjà bien voir. Un prochain cahier en poursuivra la démonstration à travers la première moitié du vingtième siècle.

Ce n'est pas en se réclamant d'une tradition glorieuse qu'on se justifie, mais ce n'est pas non plus en l'oubliant qu'on se grandit. Certes, il est bien vrai que « l'humanité n'est plus organisée, politiquement et socialement, comme au temps de saint François Xavier ni comme au temps du cardinal Lavigerie ». Mais il y a la façon d'énoncer ce truisme. Négative et paralysante, elle ne pourrait que détourner les jeunes enthousiasmes de la méditation de ces grands exemples, comme s'il n'y avait plus rien à en apprendre pour la mission d'aujourd'hui. Plût au Ciel cependant que les non-chrétiens de 1965 reçoivent des apôtres de leur trempe ! Sans la réflexion, il y a un siècle, de cette poignée d'hommes de qui nous sommes nés, les grandes encycliques missionnaires n'eussent pas été possibles qui n'ont fait que reprendre leurs grandes intuitions. Et sans leurs initiatives héroïques et persévérantes, combien de jeunes églises que nous fêtons, seraient encore dans les limbes ?

Le champ de la mission reste déconcertant, immense et plein d'inconnu. Il l'était tout autant pour eux, il y a un siècle. Nous sommes leurs héritiers. Pour quoi donc sinon pour ressusciter en notre temps leur dynamisme et leur courage ? Notre fidélité, c'est notre volonté d'inventer, ou d'accepter, et en tout cas de vivre à notre tour, à nos risques et périls, les formes neuves d'action missionnaire que doivent normalement susciter, au service d'un monde nouveau, le même esprit, le même cœur, la même foi.

L'évocation des pionniers du siècle passé ne saurait passer pour inopportune en ces jours où la jeune église d'Afrique engrange ses premières gerbes de sainteté (canonisée). Car il est bon que les semeurs soient associés à la joie des moissonneurs comme il est urgent que leur exemple entraîne de nouveaux ouvriers vers les champs qui blanchissent. Vers les pays aux cent mille « baptêmes d'adultes » par année (Ouganda, Nigéria ... ) où le missionnaire du vingtième siècle peut encore, comme Xavier, se fatiguer le bras à force de baptiser.

Spiritus