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De la Bible de Jésus à la TOB

N°211 - Juin 2013

SERVICE PARTAGÉ DE LA PAROLE

De la Bible de Jésus à la TOB ». C’est l’intitulé de la journée d’étude organisée le 30 mars 2012, par la Faculté de théologie de l’Université catholique de Lille et l’Institut d’étude des faits religieux, à l’occasion de la récente publication de l’édition 2010 de la Traduction Œcuménique de la Bible. Ils étaient nombreux à venir découvrir les deux grandes nouveautés de cette édition : les six livres deutérocanoniques propres à la tradition orthodoxe et les nouvelles traductions du mot Ioudaios dans le quatrième évangile ; ce fut aussi l’occasion de revenir sur la formation du canon de l’Ancien et du Nouveau Testament. C. Vialle et O. Rota assuraient la coordination de cette journée. C’est grâce à Catherine Vialle qu’a pu voir le jour le dossier de ce numéro présentant la substance des interventions de Lille ; qu’elle en soit vivement remerciée. Mais pourquoi publier ce travail dans une revue missionnaire comme Spiritus ?

Équipée de ses annotations et introductions explicatives, la TOB est une traduction au service de la communication de la Parole de Dieu. Une telle communication de la Parole nous est racontée en Néhémie 8, 1-12. Ren- contre réussie entre Dieu et son peuple, à l’occasion d’une lecture publique de la Loi, puisqu’elle parvient à rassembler les croyants dans une liturgie vivante et joyeuse suivie du partage d’un repas festif ; rencontre réussie grâce à certains moyens mis en œuvre pour que tous puissent « comprendre » cette Parole. Selon la traduction du lectionnaire, au jeudi de la 26ème semaine, il est dit que l’assemblée était composée des adultes et des « enfants en âge de comprendre », que la lecture était faite depuis une « tribune en bois construite tout exprès » et, précision qui nous importe ici, que « les lévites traduisaient, donnaient le sens et l’on pouvait com- prendre ». Ont-ils traduit en araméen ou simplement traduit « en clair » ? L’important est que leur rôle a été décisif pour permettre la rencontre entre la Parole et le peuple de Dieu. On peut y voir comme une image de la dimension missionnaire de tout travail d’exégèse et de traduction de la Bible jusqu’à aujourd’hui.

Entreprise de traduction, la TOB est aussi une entreprise œcuménique. Depuis la Conférence d’Édimbourg en 1910, pratiquement au départ du mouvement œcuménique moderne, on est mieux conscient de l’impact très négatif qu’a sur la mission la séparation entre Églises chrétiennes, et donc de l’intérêt missionnaire de toute avancée en direction de l’unité des chrétiens. L’entreprise TOB est, dans le monde francophone, un pas très significatif, comme un signe que nos divisions n’arrêtent pas la Parole de Dieu. Pour ceux qui regardent les chrétiens du dehors, il n’est pas indifférent de découvrir une Bible qui n’est la « propriété » d’aucune Église ou « chapelle » particulière, mais un patrimoine commun qui les précède toutes. Pour chaque chrétien, chaque assemblée liturgique, il n’est pas indifférent de savoir que les frères séparés lisent et méditent le même texte et qu’il est possible, si on le souhaite, de le lire et méditer ensemble. Pour tous les ouvriers de l’Évangile, le labeur fourni par les exégètes traducteurs de la TOB peut être une source d’inspiration. À l’occasion de la parution du tout premier livre de la TOB, l’Épître aux Romains, Roger Mehl écrivait en effet : « l’originalité de la traduction qui nous est proposée tient au fait que ses auteurs ont méthodiquement, religieusement, évité toute recherche d’originalité » (Le Monde, 14.01.1967). Dans le contexte francophone actuel, on peut penser que cette « originalité » des ouvriers de l’Évangile, consistant à mener avec patience et persévérance un humble travail de coulisse en s’effaçant devant le dynamisme propre de la Parole qui les déborde de tous côtés, est probablement à long terme plus féconde pour la mission que toute recherche d’effet médiatique. Le service de l’unité entre croyants est sans doute aujourd’hui plus utile à la rencontre entre Dieu et tous ceux qui sont en quête de sens que le souci de se démarquer des autres Églises.

Le lecteur de Spiritus pourra trouver dans ce dossier une vision plus précise de l’enjeu missionnaire du projet TOB et aussi des raisons d’aller découvrir les nouveautés de l’édition 2010. Il y puisera probablement de nouvelles motivations pour une mission réellement partagée et peut-être une inspiration personnelle au contact de ce service discret et exigeant de la Parole qu’est celui des exégètes et traducteurs.

Jean-Michel Jolibois

De la Bible de Jésus à la TOB

Sommaire

ACTUALITE MISSIONNAIRE

José María Cantal Rivas : La vie consacrée en Algérie
Paulin Batairwa Kubuya : Rencontre au crépuscule. Une évocation d’Albert Poulet-Mathis

DOSSIER : DE LA BIBLE DE JESUS A LA TOB

Bernard Coyault : La réception de la TOB (1967-2010). Enjeux oecuméniques et missiologiques
Hugues Cousin : Une TOB, deux Bibles et des canons
Stefan Munteanu : Livres propres à la tradition orthodoxe. Les six textes intégrés dans la TOB de 2010
Stéphanie Anthonioz : Le canon de l’Ancien Testament dans le contexte de la littérature religieuse du Proche-Orient ancien
Eric Manhaeghe : Le canon du Nouveau Testament
François Lestang : Qui sont les « Juifs » dans l’évangile de Jean ?

CHRONIQUES

Tony Neves : Interventions de l’Église en Angola pour la justice et la paix
Jean-Michel Jolibois : L’Esprit Saint et la mission aujourd’hui. Séminaire « Ad Gentes » – Pesaro, septembre 2012

LIVRES

Recensions
Jean-Pierre Roche - La nouvelle évangélisation racontée à ceux qui s’interrogent.
Christoph Theobald, Présences d’Évangile I.
Christoph Theobald, Présences d’Évangile II.
Pierre Perrier, Kong Wang Shan : l’Apôtre Thomas et le Prince Ying.
Gérard Testard, Quelle âme pour l’Europe ?
Michel Gourgues, « Je le ressusciterai au dernier jour ».
Frédéric-Marc Balde, L’islam.
Jean-Claude Ceillier et François Richard (dir.), Le cardinal
Charles Lavigerie et la campagne antiesclavagiste.
Didace Malanda, Inculturation en question.
Pierre Claverie, Là où se posent les vraies questions.
Pierre Claverie, Quel bonheur d’être croyant !
René Coste, L’amitié avec Jésus.

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