Au Congo, leur sang s'est mêlé : une religieuse et deux prêtres congolais, vingt-neuf prêtres du Sacré-Cœur, vingt spiritains, treize dominicains, douze pères blancs, quatre comboniens, trois xavériens, trois oblats de Marie, quatre petits frères de Jésus, deux maristes, deux passionnistes, deux croisiers, un missionnaire du Sacré-Coeur, le supérieur général des Missionnaires serviteurs des pauvres, treize filles de saint Dominique, deux fils et deux filles de saint Grignion de Montfort, huit religieuses de la Doctrine et de l'Instruction chrétienne, trois sœurs de Sainte-Elisabeth, deux franciscaines missionnaires de Marie, une ursuline. Tel était, au 20 février 1965, le bilan connu de cet holocauste de 130 missionnaires : 30 religieuses, 16 frères laïcs, 83 prêtres et un évêque représentant 20 familles religieuses ou sociétés missionnaires.

C'est à cette heure de gloire et d'espérance pour la Mission que Spiritus, surabondamment encouragé par l'exemple de leur communion dans le témoignage suprême, tourne la page sur son passé de revue spiritaine pour entrer dans la voie de fraternelle collaboration que nous cherchions à lui ouvrir depuis quatre ans. Si l'accord qui en fait l'organe commun de quatre instituts prend tous ses effets à compter du présent numéro, ce n'est certes pas pour restreindre à eux seuls l'ouverture plus générale et sans exclusive que nous avons manifestée ces dernières années mais seulement pour la rendre plus assurée et plus efficace. Nos anciens lecteurs savent bien - et verront bien - que leur revue n'a qu'à poursuivre l'effort déjà commencé pour répondre à ses nouvelles obligations au service de l'unité et de la vitalité spirituelle de tous les missionnaires. Nous ne changeons ni de but ni de programme ni de manière. C'est pourquoi ce cahier, malgré sa nouvelle mise en page prévue depuis longtemps, n'est pas le numéro un d'une nouvelle série mais prend simplement la suite de tous les cahiers déjà publiés. Spiritus continue, plus que jamais décidé à honorer sa devise : Un seul cœur, une seule âme.

A cette étape, Spiritus ne peut pas ne pas exprimer sa reconnaissance d'abord à la Congrégation du Saint-Esprit qui lui a permis de naître et de subsister jusqu'ici, puis aux trois autres sociétés missionnaires qui lui accordent leur confiance et l'adoptent comme leur. Espéré bien qu'inattendu - puisque nous n'avions jamais osé le solliciter - le message du Saint Père arrive à point nommé pour bénir ce nouveau départ. Il est pour nous le signe que notre effort n'est pas en dissonance avec le mouvement de renouveau ecclésial que l'Esprit suscite et conduit. Profondément conscients d'en être serviteurs indignes et inutiles, nous recevons ce témoignage avec la même reconnaissance émue que s'il nous venait directement du Seigneur.

Le thème de ce cahier se situe trop clairement dans l'axe de notre programme pour avoir besoin d'être présenté (voir page 86). Mais nous sommes certains d'être les interprètes de tous les missionnaires du monde en affirmant qu'aujourd'hui l'intention majeure de leur prière - comme la silencieuse supplique de tous nos martyrs - va à demander que Vatican II ne s'achève pas sans avoir voté, sur la Mission, une constitution digne de l’Église et digne des milliards d'hommes à qui elle est envoyée. Serait-il d'ailleurs concevable qu'un concile, qui a voulu faire de l’Église elle-même le cœur de sa réflexion, ne donne qu'une place marginale à la mission qui est sa première raison d'être ?

Spiritus