Au fond de certaines brousses gangrenées par l'anarchie, les missionnaires se demandent de quoi demain sera fait, tant est peu sûr déjà l'aujourd'hui de leur apostolat. Au sein de masses deux fois païennes, parce qu'elles n'ont pas reçu le christianisme et parce qu'elles semblent encore abandonner, sous le déferlement du matérialisme, tout ce qui leur restait de religion traditionnelle, le missionnaire arrive au creux du doute et voit sous ses doigts s'effriter une à une les « pierres d'attente » patiemment recherchées. Ailleurs, il se désole seulement de n'avoir que deux bras et vingt-quatre heures par jour pour engranger les moissons blanches. Mais il serait sourd, ou bien de bois, s'il n'éprouvait parfois la morsure des critiques jetées sur lui de tous côtés.

Ne nous laissons pas pour autant ravir notre espérance. N'est-ce pas justement le moment de nous rappeler que le Seigneur nous a promis non pas le Royaume en ce temps-ci mais « une force, celle de l'Esprit » ? Ce témoignage du Saint Esprit qui sera toujours joint au nôtre (Jean 1 5, 26-27 ; Actes 5, 32 ; Hébreux 2, 4 ; 1 Pierre 1, 12... ), comment les premiers apôtres en ont-ils éprouvé la présence et à quels signes reconnaître qu'il est encore aujourd'hui avec nous ? En cherchant la réponse à ces questions, Spiritus pense faciliter à chacun d'entre nous l'approche de la source où retremper toujours son courage et sa joie.

Sur pièces d'archives souvent inédites, nous avons aussi la chance de présenter dans ce numéro un missionnaire bien peu connu en dehors de l'Italie, l'apôtre de l'Afrique centrale, Daniel Comboni. Il est de la race de Paul et des grands évêques fondateurs d'églises, de cette race dont on se demande si elle ne risque pas de s'éteindre, maintenant que beaucoup s'imaginent l’Église déjà présente en tous les lieux du monde. Le jour où pour de bon les barrières tomberont à travers la planète - et pas seulement celles qui bordent les immenses empires russe et chinois - alors les yeux se désilleront comme à la découverte de l'Amérique et l'on verra de combien il s' en faut que des germes d'Église soient partout plantés. Pour ce jour-là du moins, nous garderons brûlante la flamme et vivant l'héritage de nos aînés, les fondateurs
d’Églises.

Spiritus