Invasion de l'Esprit et éclatement missionnaire : au matin de la Pentecôte, c'est le mutuel embrasement de ces deux événements, l'un à l'autre liés, qui révéla l’Église du Christ à elle-même et au monde. Ce jour-là s'ouvrait, s'inaugurait le temps de l'Esprit et de la Mission dans lequel nous baignerons jusqu'au retour du Seigneur. Il n'y aura jamais de temps après la Pentecôte, car tout au long du temps, à travers les siècles, la Pentecôte continue. Même une fois fermée l'Apocalypse, l'action concertée de l'Esprit et des événements peut donc encore nous instruire sur Dieu et sur son plan d'amour : l'histoire de l’Église est un lieu théologique.

Moment privilégié entre tous de cet affleurement permanent du divin au niveau de nos tâtonnements humains, la condensation spirituelle de l’Église universelle dans la célébration d'un concile ; moment plus favorable encore, quand ce concile, pour la première fois dans l'histoire, amène l’Église à s'interroger sur son propre mystère et à se définir expressément par la mission qu'elle a reçue. Par-delà vingt siècles, nous voilà replongés dans l'atmosphère du cénacle où l’Église naissait à la conscience d'elle-même.

C'est ce que ce cahier voudrait faire éprouver. Rassemblant les témoignages d'un Père, d'un expert et d'un auditeur laïc - qui, lui aussi, par la grâce de Jean XXIII, suivit les quatre sessions de bout en bout - il voudrait faire partager leur commun sentiment de s'être trouvés en présence d'un mystérieux acteur, d'un divin meneur de jeu. Puis à travers les réflexions de spécialistes, de responsables et d'ouvriers de la Mission, nous souhaitons faire voir la porte grande ouverte, les possibilités préparées, les impulsions données pour un nouveau jaillissement de l'évangélisation : élan missionnaire de tout Vatican Il, points forts de la nouvelle charte des missions, commentaire détaillé du chapitre spécialement consacré à la vocation et à la sainteté des missionnaires.

Face à ce ressourcement ecclésial, normatif désormais de toute activité chrétienne, diocèses et instituts spécialisés se doivent de mener à terme une sérieuse révision de vie missionnaire. Si les premiers sont sans doute invités à passer plus intensément de la sincérité aux réalisations, les seconds - c'est-à-dire nous-mêmes - doivent d'abord au contraire oublier quelque peu leurs réalisations passées pour s'ancrer dans l'humilité collective de serviteurs désintéressés de la Bonne Nouvelle. « Dites : Nous sommes des serviteurs inutiles ; nous n'avons fait que ce que nous devions » (Luc 1 7, JO). Quelle source de joie et quelle force de rajeunissement dans le courage d'un tel aveu ! Dans la fidélité au prophétisme dont la plupart sont issus ainsi qu'au mandat du successeur de Pierre qui les a authentifiés, nos instituts doivent trouver le ressort et le moyen d'être plus que jamais le sel et le ferment de la Mission à travers l’Église. Nous reviendrons sur les exigences de cette mise à jour car elle engage de très près, en son point le plus central, l'échec ou le succès du concile.

Spiritus