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L'esprit du développement

N°34 - Mai 1968

Le développement doit-il devenir le nouveau nom de la Mission comme il est devenu le nouveau nom de la paix ? Question lourde de conséquences dans la révision de vie entamée par tous les missionnaires. Certes, sous d'autres noms (oeuvres de miséricorde, action caritative... ), le travail du développement a toujours accompagné l'effort missionnaire. Et maintenant que l'urgence d'une solution aux problèmes vitaux du tiers monde atteint un point si critique qu'elle en vient à ébranler jusqu'aux fondements chrétiens de la non-violence, les évangélistes des temps nouveaux ont-ils encore un autre chemin pour révéler l'amour de Dieu aux hommes que celui d'une participation loyale et désintéressée (désintéressée d'abord de toute prétention de conversions) à l'effort de développement entrepris par leur peuple d'adoption ?

Mais la question posée est plus qu'une question d'urgence ou de méthode, c'est une question d'essence. Les études centrales de ce cahier vont à la résoudre affirmativement. Entendons-nous bien. Si on laisse au mot « développement » le sens qu'il a communément, purement économique et matériel, le développement n'est pas la Mission. Mais si on veut bien lui donner - comme il va de soi pour un chrétien (cf Populorum progressio 16) - toute sa dimension eschatologique révélée en Jésus Christ, l'aboutissement plénier du développement humain coïncide strictement avec le but dernier de la Mission. A quoi travaillons-nous en effet, sinon à sauver l'homme, à transfigurer ce monde en royaume de justice, d'amour et de paix, à faire enfin de toute l'humanité un seul corps atteignant en Jésus Christ le paroxysme divin de la conscience, de la liberté et de la communion ? Les missionnaires ne devraient donc pas avoir à se sentir écartelés entre l'oeuvre de solidarité humaine dans laquelle ils entrent et leur mission d'évangélisation. Remplir celle-ci, c'est pousser la première jusqu'à ses ultimes exigences en préservant l'homme de se satisfaire d'un avenir tronqué, enserré dans des horizons finalement sans espérance. Voilà pourquoi l'esprit de la Mission aspire à se traduire dans ce grand oeuvre d'amour de notre temps qu'on appelle le développement. Lui seul, croyons-nous, parce qu'il n'est autre que l'Esprit saint, esprit d'amour, est à même de lui donner le souffle dont il a besoin. Comme lui seul est à même d'empêcher que ne retombent, dans la frustration, les violentes aspirations à la rencontre et à la participation qui poussent aujourd'hui la jeunesse des pays riches à contester anarchiquement le sous-développement spirituel et idéologique de notre société.

Spiritus

L'esprit du développement

Sommaire

Études
HANS URS VON BALTHASAR : Esprit saint, esprit d'amour
DOMINIQUE NOTHOMB : Le missionnaire au miroir de l'hymne à la charité
LUCIEN LEGRAND : Bienfaisance et Bonne nouvelle
PAUL TERNANT : L'action caritative dans la Mission
JOSEPH COMBLIN : Le but de la Mission : sauver l'homme
JACQUES DOURNES : Le progrès humain et l'avènement du Royaume

Témoignages : L'équation humaniser / évangéliser

... et A. BIROU, F. BOURDEAU, P. DANET, L. DEISS, H. DUBOURGET, F.FERRIER, L.FROMY, F.GILS, H.GRAVRAND, E. HILLMAN, E. LOFFELD, F. PERENNOU, P. SIGRIST, ETC.

Chroniques :
Le rapport missionnaire du concile de Hollande
Eglise, monde et tiers monde

Texte choisi : Un nouveau type de mission par L. Lebret

Récollection : Serviteurs du Christ et des hommes

Billet de liturgie : L'homélie quotidienne

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