Prières de non-chrétiens
N°78 - Février 1980
Au début de son deuxième mandat, l'équipe de rédaction de Spiritus maintient son propos : l'étude de la communication de la foi dans les diverses cultures. Nous avons conscience qu'il nous faut beaucoup écouter et beaucoup analyser avant de faire quelque proposition que ce soit. La communion entre Eglises se réalisera de plus en plus par la communication d'expériences des communautés de croyants et non à partir d'une parole d'autorité. L'expérience de la foi dans les autres Eglises est une invite continuelle à revoir l'expression de notre propre foi.
Toute Eglise est en étroite articulation avec les structures économiques, politiques, sociales et culturelles du peuple où elle est incarnée. Elle n'est pas le produit mécanique de ces structures, mais le visage qu'elle se donne est en relation avec les conditionnements des lieux où elle se trouve. Dans ce réseau d'interactions, la « religion » se présente, elle aussi, comme une dimension constituante. Les événements actuels le montrent suffisamment. C'est pourquoi nous avons voulu étudier un de ces actes religieux, la prière. Notre objectif n'est pas de comparer le contenu des actes de prière, mais d'approcher l'acte même de prier. Une telle recherche ne veut pas sombrer dans le confusionnisme, renvoyant à des équivalences qui n'auraient plus de sens et ne feraient pas droit aux différences. Il est encore moins dans notre pensée d'en venir à des comparaisons qui ne serviraient qu'un faux triomphalisme. Nous voulons simplement aborder un acte humain fondamental qui touche de près le mystère de la personne et le dynamisme collectif de la prière. Il y a là en profondeur un niveau de communication qui est essentiel au dialogue. Cette démarche est surtout une invitation à une meilleure intelligence de la foi des autres.
Avant toute analyse critique des différences de formulations et d'expressions théologiques, il nous faut reconnaître la dynamique d'un mouvement de foi. Si une critique se fait jour, ce sera celle que ces témoignages induiront en nous : la prière des autres peut être source de réflexion sur notre propre prière. Elle peut nous rappeler l'exigence d'une conversion personnelle et maintenir en nous l'espérance d'un dialogue plus profond entre croyants.
Nous avons conscience de n'être qu'au début d'une recherche : comment un chrétien peut-il écouter ses frères non-chrétiens ? Comment peut-il prier avec eux? Certes, la prière des catholiques change dans un monde en mutation, tout en se maintenant dans la fidélité à une même foi. Puissions-nous être de plus en plus fidèles à ce Notre Père que le Christ nous a légué comme référence pour qu'il devienne parole de frères et parole du Peuple de Dieu.
Spiritus
Sommaire
DOSSIER : PRIÈRES DE NON-CHRÉTIENS
Henri Maurier : L'acte de prière de l'Africain non chrétien
Aylward Shorter : La prière dans la tradition africaine
Jean-Marie Tardif : L'homme menacé
Mohamed Talbi : Une expérience musulmane de la prière
Sahar Moharram : A la rencontre de Dieu dans l'Islam
Phra Thitinyano : La prière, dépassement de la dualité
Imamura Keiko : Entrer dans la vérité de Dieu
Serge de Beaurecueil : « Notre Père » ... à tous !
CHRONIQUES
Yvon Crusson : La foi chrétienne en milieu musulman
Armel Duteil : Quelle parole pour quelle famille ? (2)