Évangélisation et droits de l'homme
N°79 - Mai 1980
Sous peine de perdre le sens de sa mission, l'Eglise ne peut se définir que par le service de l'homme et des hommes. Le Royaume de Dieu signifie l'expérience vécue que nous sommes tous enfants du Père et, par là, frères et soeurs. Dans notre monde actuel, cette foi doit se traduire en réalités, en structures sociales, en politique nationale et internationale efficaces ; sinon, elle deviendra un discours abstrait qui ne sera plus qu'une rhétorique aliénante.
Lors du Synode de 1974 sur L'Evangélisation, Paul VI déclarait : La promotion des droits de l'homme est une requête de l'Evangile, elle doit occuper une place centrale dans son ministère. Le concept des droits de l'homme pourrait être, semble-t-il, la racine commune de toutes les tâches à réaliser. En fait, ce concept ne se prête pas à une définition précise, il est bien plutôt une oeuvre historique à accomplir.
Car l'affirmation des droits de l'homme s'est faite peu à peu dans l'histoire et a pris des aspects différents selon les contextes historiques : dans le monde occidental, l'accent a été mis sur les droits politico-civils, mais on a négligé les droits socio-économiques. Dans les nations socialistes, ce sont les droits socio-économiques qui occultent les droits de la personne à la liberté. Il nous a semblé utile de voir comment s'est posée historiquement la question des droits de l'homme et quelles ont été les réactions de l'Eglise installée dans une autre vision du monde. Des communautés chrétiennes sont engagées dans la lutte des droits de l'homme ; elles prennent pour point de départ la défense des pauvres et des opprimés, que ce soient des personnes ou des sociétés. Nous ne pouvions publier ici tous les témoignages que nous en avons reçus, mais ils auront leur place dans les cahiers suivants. Des situations plus aiguës (l'apartheid, par exemple), nous ne dirons rien pour ne pas exposer nos correspondants.
Mais pour être cohérente, l'Eglise est renvoyée à sa propre pratique, à son oeuvre évangélisatrice. Certes, elle pourrait se référer aux pratiques d'autres religions intolérantes, ce qui ne saurait être une justification, car elle se doit d'être fidèle à l'annonce de la liberté dans l'obéissance de la foi. La crédibilité de l'Eglise est en jeu dans son propre fonctionnement. Ces témoignages ne nous dispensent pas, comme le montre si clairement l'article de B. QUELQUEJEU, de nous donner des critères de discernement et d'action pour les problèmes d'aujourd'hui. Peu à peu se dessine le chemin de libération où l'être de l'homme se fait image de Dieu.
Spiritus
Sommaire
DOSSIER : ÉVANGÉLISATION ET DROITS DE L'HOMME
Jérôme Régnier : Droits de l'homme, aspects historiques
Carmina Navia : Pratique politique et Mouvement populaire
Paulo Guenter Suess : Catéchèse, villages, civilisation
German FI. Hernandez : L'enseignant et les droits de l'enseigné
Christophe Munzihirwa : Mécanismes culturels de la domination
Christophe Munzihirwa : Dialogue avec un vieux sage
Eugène Juguet : Respect des droits de l'homme et annonce de l'Evangile
Bernard Quelquejeu : Les « droits de l'homme » : Idéologie ? Tradition ? Exigence ?