Dimanches sans prêtre
N°91 - Mai 1983
Quand on parle de « célébrations dominicales sans prêtre » ou d'« assemblées dominicales en l'absence de prêtre » (ADAP), selon la terminologie qui tend à s'imposer, en général on pense d'abord au manque de prêtres ou à l'insuffisance de leur nombre. La question prend d'emblée la forme d'une interrogation sur les ministères et sur la structuration des communautés. Ce n'est pas le biais que nous avons choisi car les célébrations dominicales, même sans prêtre, sont aussi des manifestations de grâce pour un renouvellement profond de l'Eglise.
Il n'est nullement dit que le fait que des communautés célèbrent sans prêtre entraîne comme conséquence que l'Eglise soit sans avenir. Il n'est pas question de minimiser le rôle du prêtre : il est celui qui préside à la célébration eucharistique comme il préside à la charge apostolique. Mais, en son absence, d'autres valeurs d'Eglise peuvent se manifester.
Nous avons réuni un certain nombre de ces célébrations. Elles sont trop dispersées pour permettre de synthétiser leurs apports mais nous pouvons voir resurgir certains aspects du rassemblement chrétien que la pratique coutumière des derniers siècles avait oblitérés.
De telles célébrations n'en sont qu'à leur début si bien que les ADAP se distancient encore peu des célébrations eucharistiques sous la présidence du prêtre. Elles sont plus souvent perçues comme des suppléances que vécues dans leur valeur propre. C'est d'ailleurs un danger pour les « célébrations eucharistiques » elles-mêmes, surtout là où la communion est distribuée : la messe y perd son caractère de « mémorial de la Mort et de la Résurrection du Seigneur » et le prêtre semble inutile.
Les assemblées dominicales sans prêtre ont leur caractéristique propre en tant que « sacrement de la Parole » : à ce titre, elles prennent la suite du baptême qui marque l'engagement personnel dans la communauté, la construction de celle-ci et son action dans la société et le monde. Car la Parole nous rappelle continuellement l'engagement du Christ dans la totalité de sa vie. Elle conduit donc à la confession de foi qui est le motif même du rassemblement. Elle conduit aussi à la prière tantôt privée et silencieuse, tantôt collective et chantée.
S'il est important que la Parole soit proclamée, il ne l'est pas moins qu'elle soit partagée ; ainsi, elle pénètrera mieux dans le contexte général de la vie des croyants. Ainsi fait-on Eglise en restant tendus vers la célébration eucharistique.
Spiritus
Sommaire
DOSSIER : DIMANCHES SANS PRÊTRE
Ifiacio Neutzling : Célébrations dans les communautés de base
André Lepoutre : Comment j'ai vu naître les communautés de base
Jean Baranton : Expériences au Burundi
Gilbert Griffon : ... en Malaisie
Jacqueline Paterni : ... en France
Jean Cauvin : Célébrations dominicales sans prêtre
Jean-Louis Blaise : La prédication comme exercice d'un pouvoir
Lucien Deiss : Le service de la Parole
CHRONIQUE
Maria Goretti Lau et John Tong : Quelques tendances théologiques dans l'Eglise chinoise