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Radicalité évangélique et dynamique missionnaire

N°176 - Septembre 2004

Aux Ordres religieux qui s’interrogeaient entre 1971-1975 sur la « crise des vocations », le théologien allemand Jean-Baptiste Metz adressa cette réponse : « La crise que connaissent les Ordres religieux n’est qu’accessoirement une crise du recrutement. Elle apparaît avant tout comme une crise de leur fonction, due à la perte de tâches ecclésiales très importantes, spécifiques et, en un certain sens, impossibles à assumer ailleurs. […] [Les Ordres religieux] ont pour l’Église dans son ensemble des correctifs, une sorte de “thérapie de choc du Saint Esprit”. Ils invoquent la radicalité de l’Évangile dans une Église qui court le danger d’une adaptation excessive. En ce sens, ils sont, au sein de l’Église, la forme institutionnalisée d’un souvenir dangereux (“Un temps pour les Ordres religieux ?” Cerf, 1981, p. 71). » Avec toute a prudence et les adaptations nécessaires, ne pourrait-on pas appliquer ces propos à la crise que traversent les Instituts missionnaires en Europe ? Ne serait-elle pas due en partie à la perte parleurs responsables et leurs membres de la radicalité évangélique dans la pratique de la mission à eux confiée ?

Le geste missionnaire dit quelque chose de ce que l’Église est profondément : un peuple en arche, en procès, en itinérance, disséminé sur tous les continents, en attente de l’autre, du Tout Autre qui vient.

Certes, tous les baptisés sont appelés à être missionnaires, pourtant quelques-uns sont appelés à une radicalité toute particulière dans la manière de s’acquitter de cette mission. Mais alors, où situer cette radicalité ? Dans la distance géographique entre lieu d’origine et terrain de mission ? Ou dans l’extrême des conditions de vie endurées ? Ou dans le fait de s’engager à vie, de se consacrer à la toute première évangélisation des peuples lointains ? Toutes ces dimensions sont bien présentes dans la vocation missionnaire.

Mais il nous a semblé que la radicalité spécifique se situait de plus en plus dans la rencontre de l’autre. Le missionnaire est celui qui ne cesse d’aller à la rencontre de l’autre et de se laisser rencontrer par lui. Il en va d’un enjeu essentiel pour l’Église : apprendre à entendre Dieu chez les peuples et dans les cultures où Il parle des langues que nous ne comprenons pas encore (J.Y. Baziou, Spiritus, N° 170, p. 52).

Les différents articles de ce dossier explorent cette conviction : « mission en réciprocité », « rencontres avec Jésus » qui transforment ses interlocuteurs et le changent lui aussi, nouvelles tâches, nouveaux modes d’être missionnaires et nouvelles manières de s’y préparer. Il ne s’agit certes pas d’une promenade touristique mais d’une exigeante réponse aux défis actuels.

Formation, contemplation, sortie de soi. Plus que jamais il faut se quitter, partir, s’ouvrir. Vaste programme, qui appellera sans doute des réflexions complémentaires dans un prochain dossier, surtout si vous êtes nombreux à nous envoyer vos réactions et à nous partager vos suggestions.

Spiritus

Radicalité évangélique et dynamique missionnaire

Sommaire

ACTUALITÉ MISSIONNAIRE

Marie-Claude Échallier : Vers une autre rive. Relecture d’une vie missionnaire.
Monique Matton : Les voyages inter-Églises. L’aventure de la rencontre au risque du changement.
Michel Sledzinski : S’ouvrir aux autres… Sur les pas de Charles de Foucauld.
Mariette, Arlette, Elke, Oyon Abeng : Partir, pourquoi ?

DOSSIER : RADICALITÉ ÉVANGÉLIQUE ET DYNAMIQUE MISSIONNAIRE

Maurice Pivot : Mission en réciprocité
Michaël Mac Cabe : Missionnaires de demain
Jacques Vermeylen : Rencontrer autrui, se découvrir soi-même, aller vers les autres
Raymond Rossignol : De nouveaux missionnaires pour l’Asie
Gilles Pagès : Le missionnaire sera-t-il un ange qui transpire ?
Paul Bony : Le Christ, frère des hommes
Jean Yves Baziou : La leçon des départs missionnaires
Pierre Lefebvre : Pour aller plus loin

CHRONIQUES

L’héritage de la mission dans la réflexion théologique
Le religieux dans la vie du Japon

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